Asociación para el estudio de temas grupales, psicosociales e institucionales

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L´apport de la pratique psychanalytique des groupes..... B. y Ch. Duez


Apport de la pratique psychanalytique des groupes à la compréhension des formes du transfert

Bernard Duez et Christiane Duez


Pendant très longtemps la pratique psychanalytique des groupes est demeurée très marginale. S. Freud lui-même pourtant avait montré l'importance de la fonction du groupe dans la compréhension des enjeux psychiques conscients et inconscients des sujets. N'oublions pas que, même si cela a été méconnu, la psychanalyse, initialement psychanalyse de l'hystérique naît du groupe. Ce sont en effet les présentations publiques de Charcot qui précipitèrent le symptôme hystérique sur la scène sociale et qui vont susciter l'intérêt de l'intelligentsia parisienne et de S. Freud lui-même autour de l'hystérique, qui devient une figure emblématique de la misère sexuelle née de l'urbanisation massive du début du XX siècle.
Si la pierre angulaire de la construction de la métapsychologie freudienne est l'interprétation des rêves, c'est parce qu'il n'existe pas de rêve qui ne se construise sans mettre en scène un groupe de personnages. Le rêve est le point de rencontre de la régrédience pulsionnelle qui ouvre le sujet à l'espace du sommeil, et de ce que René Kaës appelle les groupes internes: fantasmes originaires, complexes familiaux, imagos, relations d'identifications, relations d'objet, image du corps. Un des désirs infantiles qui anime au moins un de ces groupes internes va constituer l'ombilic du rêve. C'est pourquoi ainsi que le montre R. Kaës dans son dernier ouvrage, "la polyphonie du rêve", le rêve est toujours un rêve adressé à au moins un autre.
Cette importance du groupe et du collectif se trouvera constamment décliné dans chacun des moments mutatifs de la pensée de S. Freud: der Witz, Totem und Tabu, Massen Psychologie und Ich-Analyse puis les écrits de la fin de la vie: Die Zukunft einer illusion, Das Unbehagen in der Kultur, Der Mann Moses und der monotheistische religion.
Pour que le lien se constitue dans des dispositifs de soins, il a fallu que les drames sociaux viennent interroger les liens entre le sujet et la collectivité: la deuxième guerre mondiale et le travail sur les petits groupes de W. R. Bion destiné à soigner les soldats traumatisés par les horreurs de la guerre, l'instabilité et les troubles sociaux voire les dictatures argentines avec les œuvres fondatrices de Pichon-Rivière et de J. Bleger. C'est par contre en France pays de l'ego cartésien que le travail l'étude des liens entre le dispositif de la cure-type et les dispositifs psychanalytiques groupaux va être le plus radicalisée notamment avec l'ouvrage de D. Anzieu, le groupe et l'inconscient, le travail du C.E.F.F.R.A.P. et l'œuvre de René Kaës. C'est de cet héritage et de la rencontre avec l'œuvre de l'école argentine qu'est issue l'hypothèse que je vous propose aujourd'hui.
Le processus transférentiel dans les groupes se trouve contraint selon des formes de figurabilité différentes de celle qu'il connaît dans la cure classique. Ses contraintes de figurabilité font apparaître une autre forme de transfert qui fonctionne dans la cure-type que de façon discrète le transfert topique.
Le transfert, tel que nous le connaissons dans la cure, s'actualise selon un mode qui privilégie la dialectique déplacement/condensation, du fait même du dispositif de la cure. Ce dispositif  surdétermine la dimension diachronique et l'après-coup du discours,
Je nomme ce mode transférentiel déplacement/condensation transfert dynamique.

Le transfert, tel que nous le connaissons dans les dispositifs de groupe, s'actualise selon un mode qui privilégie la dialectique diffraction/retournement. Ces dispositifs privilégient la dimension synchronique et l'actualité de l'appareillage psychique avec l'autre et plus d'un autre.
Je nomme ce mode transférentiel tel qu'il s'actualise dans les dispositifs groupaux transfert topique.
Je souligne que les deux modes de transfert sont indissociablement intriqués dans des liens de nécessité psychique, mais que, selon le dispositif, l'un des transferts se manifeste et s'actualise pendant que l'autre demeure discret et sert d'arrière-fond (background), de scène implicite entre le protagonistes. La conclusion d'un travail analytique que ce soit dans le cadre d'une cure ou que ce soit dans le cadre d'une pratique groupale nécessitera la mise en travail du fond qui est demeuré discret, secret, latent, implicite tout au long du traitement. Ce travail d'analyse nécessaire de ce que J. Bleger appelait le Métacadre impose de la part du ou des analystes et de la part du ou des patients l'acceptation d'une régrédience vers le fond formel qui a permis la mise en figurabilité du dispositif. Le refus de cette régrédience induit une réaction thérapeutique négative qui conduit soit à  l'arrêt catastrophique du travail analytique soit à un travail analytique sans fin.

Pichon-Riviere avait perçu cette particularité du transfert dans les groupes comme il le note dans l'ouvrage récemment publié en français: le transfert est un processus d'attribution de rôles inscritst dans le monde interne de chaque sujet (P. 91, le processus groupal, tr.fr. 2004). En conclusion il nous rappelle (ibidem, P. 93): Nous avons affaire, dans le champ groupal à des transferts multiples. Les fantasmes transférentiels émergent dans le processus groupal aussi bien en relation avec les membres du groupe qu'en relation avec la tâche et le contexte dans lesquels se déroulent l'opération groupale. Les fantasmes d'expriment par le biais de porte voix lesquels fournissent les indices qui permettent au coordonnateur de décoder l'attribution des rôles, la façon dont le groupe aborde la situation concrète".
La problématique avec le transfert topique est que la structure et la nature même de ce transfert imposent une forme spécifique de travail dans le transfert avec les patients. C'est ici que le dispositif des groupes opératifs s'appuie sur la reconnaissance de la spécificité du travail dans les groupes. Afin de canaliser cette diffraction, Pichon-Rivière, va proposer une structure de groupe orienté vers la tâche commune. Il rencontre de ce point de vue une propriété de l'appareillage psychique dans les groupes que J. B. Pontalis avait soulignée dans "le petit groupe comme objet" à savoir que le groupe  lui-même devient un objet pulsionnel partagé. La tâche commune va alors servir de support de figuration aux relations objectales que chacun des sujets entretient avec le groupe de travail. Cette centration sur la tâche permet de faire l'économie de l'expérience douloureuse et dépersonnalisante, voire morcelante ou persécutrice de la diffraction dans le transfert topique. En effet, la construction du groupe comme objet commun passe par le retournement implicite ou explicite, vers chacun des participants, par chacun des participants, de ce qu'il perçoit qui est déposé de lui-même dans l'objet commun groupe. Cette situation déclenche dans le travail initial dans les groupes un sentiment d'inquiétante étrangeté où le sujet vit une situation d'ambiguïté où il retrouve quelque chose de l'autre en lui-même et à  l'inverse quelque chose  de lui-même dans l'autre via l'objet commun. Nous sommes alors sur la configuration qui relève du complexe de l'intrusion tel que J. Lacan l'a proposé dans "les complexes familiaux".
Cette vectorisation de l'espace psychique du groupe par la tâche protège le groupe de la régrédience onirique inhérente au début de tous les groupes. Par contre, cette vectorisation va discrétiser un certain nombre de processus et d'éléments, notamment tout le travail transférentiel dans la construction du groupe comme objet, qui va se trouver soumis à l'attraction de la tâche posée dès le départ. C'est le rapport à la tâche qui va donc connaître le bénéfice de la progression et de l'analyse transférentielle. Le bénéfice de chacun des participants se faisant de surcroît et dans son lien imaginaire ou symbolique à la tâche. Cette conception du groupe opératif illustrée, dans une autre forme de compréhension, par le groupe dit groupe de Rosario a permis que l'on puisse s'autoriser la subversion qui consistait à travailler  avec une compréhension métapsychologique dans le champ collectif et social. Cette structure du groupe opératif autour de la tâche a fonctionné sur le mode du souvenir-écran par rapport au travail psychanalytique dans les groupes. Cette centration sur la tâche a rendu possible, sans l'effroi excessif lié à la diffraction, l'approche psychanalytique de l'archaïsme des fonctionnements groupaux dans la mesure où la vectorisation de l'espace psychique du groupe par la tâche permettait de discrétiser les processus archaïques à l'œuvre dans les groupes.  Les dépositions du non-moi pouvaient se trouver suffisamment refoulées ou déniées pour que le travail de groupe puisse persister sans menacer à l'excès notamment des personnes confrontées à des apprentissages de tâches pour lesquelles elles n'étaient pas préparées. Les groupes opératoires permettent de ce point de vue une potentialisation de l'apprentissage que peu d'autres formes permettent. Le groupe opératif s'il permet d'une certaine façon l'économie de la diffraction, très coûteuse psychiquement, en revanche il laisse travailler le retournement psychique source d'appropriation uniquement dans le rapport à la tâche centrale du groupe. Par contre Il discrétise toute une partie de la fonction de retournement.
Les techniques centrées sur le groupe via des tâches multiples, je pense à celle qui m'est le plus familière, le psychodrame psychanalytique de groupe, vont au contraire permettre une lecture plus complète du processus transférentiel, notamment dans sa dimension topique. Car nous allons pouvoir observer l'importance du travail de l'attribution, non pas comme une simple projection: attribuer à un autre des éléments de sa propre psyché mais comme processus d'appropriation et de transformation des attributs que l'autre vous octroie. Cette attribution ne relève pas alors de la projection pure et simple mais beaucoup plus de ce que P. Aulagnier appelle la violence de l'interprétation. La multiplicité des tâches dans le psychodrame, construire une histoire, attribuer des rôles, jouer ce rôle avec l'engagement corporel que cela suppose, reprendre l'histoire ensuite pour comprendre ce qui est dans le groupe ici et maintenant fournit des lieux et des formes de déposition différenciés qui permettent de lier suffisamment la charge pulsionnelle à chacune de ces tâches et de la maintenir à un niveau suffisamment bas pour permettre son élaboration et perlaboration collective par l'interprétation.
Si on reprend le modèle structural du processus transférentiel dans le psychisme, tel qu'il est apparu dès les premiers travaux de S. Freud sur le rêve (die Traumdeutung et Über der Traum), ouvrages dans lesquels pour la première fois le transfert est présenté comme processus psychique. Dans le schéma ci-dessous je présente la structure du travail transformationnel du rêve tel qu'il fonctionne dans le groupe
J'y ajoute les lignes de transfert spécifique du transfert topique et du tranfert dynamique
Les lignes verticales sont celles de la constitution des symptômes et de la compulsion de répétion
Les lignes horizontales sont celles de l'actualisation transférentielle en fonction des conditions de figurabilité
Les diagonales sont des relations de neutralisation entre condensation et diffraction d'une part, déplacement et retournement d'autre part
Le travail de la transformation et de l'interprétation dans le transfert combine ces diagonales et permet au(x) patient(s) une redistribution des représentants et signifiants qui trans-forme le rapport à leur désir et au désir de l'Autre.

 

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Apport-Duez

 

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